Tout au long de son histoire, la Palestine a vu se croiser sur son territoire les grandes cultures du Moyen-Orient. En dépit des destructions et des dévastations, cette convergence a enrichi la région de traditions culturelles raffinées qui ont porté sa réputation jusqu’aux plus lointains confins du nouvel ordre musulman. Pour les croyants accomplissant le hadj, la Palestine est vite devenue une étape sacrée sanctifiant le pèlerinage à La Mecque. Sous les dynasties ayyoubide, mamelouke et ottomane, des vagues de pèlerins affluaient en Palestine pour visiter Jérusalem et son Haram al-Charif – le “Noble Sanctuaire”. Dans ce climat de forte religiosité, il n’est pas étonnant que la Palestine soit devenue l’un des plus prestigieux foyers d’enseignement du monde musulman. Les plus éminents érudits venaient enseigner à la mosquée al-Asqa, des lettrés faisant autorité dans toute la sphère islamique s’adonnaient avec passion à l’art de la discussion, de l’exégèse et de la polémique... Des centaines de madrasas furent construites à Jérusalem, Hébron, Naplouse, Gaza, Safed, et le Haram al-Charif a pu accueillir jusqu’à 360 maîtres de différentes disciplines. Tout cela a donné un essor décisif au développement de la pensée soufie, et à une activité économique galvanisée par cet incessant brassage d’étudiants et de croyants. Des milliers de mausolées, mosquées, zawiyas, madrasas et caravansérails furent construits grâce au système du waqf, qui permettait aussi à ces établissements d’être abondés de confortables subsides. Au grand bénéfice de l’histoire de l’art, ces dotations – qui, sous la domination ottomane, s’étendirent à l’Asie, à l’Europe et à l’Afrique – ont aussi garanti sur la longue durée l’entretien et la conservation d’un impressionnant patrimoine bâti. C’est ainsi que, sur un modeste périmètre géographique, un somptueux patrimoine transforme le pays en un remarquable musée d’architecture, où l’entier panorama des styles islamiques se trouve encore représenté aujourd’hui.